La vie est beaucoup plus simple quand on nait dans une famille prestigieuse et j’ai toujours été très fier de la mienne. Après tout, nous nous sommes battus pendant des siècles pour en arriver là, nous débarrassant de nos ennemis, nos concurrents et nos détracteurs jusqu’à ce qu’il ne reste que nous. Fiers vainqueurs d’une guerre perdue d’avance pour les autres.
Mon père est mort pendant ma première année à l’école de magie et j’ai été élevé par mon oncle, Erik, qui avait alors pris la tête de la famille. Il m’a tout appris des secrets de la famille, créant ma fascination pour les plantes, les potions et les poisons. Et surtout m’apprenant à aimer les livres. Cet amour est le seul en dehors de celui pour ma famille qui a survécu plus de quelques semaines. J’étais en tête de classe dans la plupart des matières lisant jusqu’à en faire pleurer mes yeux.
J’ai été élevé aux cotés de mon frère et ma sœur mais aussi du plus vieux de mes cousins qui a toujours été destiné à être le futur chef de la famille. Nous étions proches, toujours à faire les cents coups et jouer de mauvais tours à nos frères et sœurs. Cette amitié s’est poursuivie quand il est entré dans le même coven que moi. Celui de Loki, celui des éloquents et des malicieux.
A la sortie de l’école, je suis devenu policier de la Chancellerie. J’avais une charmante et douce fiancée à cette époque. Une fille de bonne famille qui était bête comme ses pieds et qui me sortait totalement par les yeux. Elle est morte quelques temps avant notre mariage. Promis, je n’y suis pour rien, je n’ai pas fait honneur à la réputation de ma famille en l’empoisonnant. Même si l'idée était tentante et que j’étais soulagé de me savoir libre d’elle. De cette fille insipide et stupide qui aurait complètement gâchée mes gênes.
J’ai fait mon petit bonhomme de chemin en tant que policier de la Chancellerie. Attrapant des criminels, menant des enquêtes, faisant respecter l’ordre. J’ai assisté de près à l’évolution du Chancelier Friedrich, de son apogée à sa chute. L’ouverture des frontières aux sang de Bourbe a été son erreur fatale et j’ai dû aider mes collègues à arrêter la révolte des gens de mon sang et des Sang Purs. Contre ma famille, contre les miens alors qu’ils massacraient des Sang de Bourbe. Non pas que l’idée en soit me gêne mais plutôt que j’avais un devoir à accomplir et que je devais prendre mes responsabilités de garde de l’État.
Il y a quelques mois, la Milice a ouvert ses portes et on m’a proposé de l’intégrer avec une belle promotion et un salaire plus élevé alors j’ai accepté le poste de lieutenant. J’étais un peu déçu de devoir quitter les bureaux de la Chancellerie et de ne plus pouvoir apercevoir une étrange créature qui était archiviste.
J’ai fait mon devoir de milicien, interrogeant, torturant et condamnant à mort les coupables. Je sais que ce que je fais n’est pas bien moralement, j’en suis bien conscient. Après tout j’ai moi-même eu à un moment donné un moldu dans ma lignée. Mais j’avais un devoir à accomplir, des responsabilités et peu de morale quand la réputation de ma famille était en danger.
Il y a peu, j’ai recroisé ma petite archiviste. J’étais en tenue de milicien quand j’ai voulu l’aborder et nous avons eu comme un malentendu qui s’est terminé avec sa chaussure dans ma tête et elle derrière les barreaux des cachots de la Milice. Je ne l’ai libérée que quand elle a accepté un rendez-vous avec moi. Vil, je sais mais j’arrivais toujours à mes fins. Et je compte bien courtiser la jeune femme jusqu’à ce qu’elle soit mienne.
Entre cette relation et la résistance qui commence à nous jouer de plus en plus de tour, ma vie actuelle est loin d’être ennuyeuse. Je compte être celui qui mettra enfin la main sur cette maudite résistance et sur ses moyens de nous échapper, de se cacher et surtout découvrir sa hiérarchie. Et quand je trouverai son chef, la personne regrettera d’avoir un jour posée les pieds dans notre belle Allemagne.